Rembrandt, Le Philosophe en méditation, Musée du Louvre (1632)

Rembrandt, Le Philosophe en méditation, Musée du Louvre (1632)

Avec l'autorisation de l'un de vos camarades, je commente ses premières pistes de réflexion pour la problématisation du sujet que je vous avais proposé : "L'expression à chacun sa vérité a-t-elle un sens?". Il peut être fructueux de considérer la démarche d'un autre esprit pour saisir ses propres qualités et insuffisances.

En gras, mes commentaires.

« Chacun » à pronom qui signifie n’importe qu’elle personne.

« vérité » à notion vaste, qui se veut admis par tous (universalité)

« sa » à il relie les deux termes et implique la subjectivité et la variabilité, selon l’individu, de la notion de vérité. Cela prive l’aspect universel.

=> Bonne démarche : analyser avec précision les termes du sujet. Encore faut-il analyser TOUT le sujet. Ici ne pas s'interroger sur ce que signifie (justement...) "avoir un sens" et ne pas remarquer qu'il s'agit d'une expression employée dans le langage courant vous faisaient courir le risque du HS.

=> Si "chacun", selon le Larousse, c'est bien "toute personne en général", ici il fallait être attentif à ce qui le précède. "A chacun" renvoie à la singularité de l'individu.

L'élève a toutefois bien vu la tension : "ma", "ta", "sa" vérité, c'est dire que tout esprit ne pourrait y accorder son assentiment...

=> Pour la compréhension de la notion de "vérité", et en général, lorsque vous êtes ainsi confronté à une notion très riche, ne vous contentez pas d'une caractérisation (même si, ici, elle est pertinente!). Donnez un contenu, en allant du simple au complexe. Ne contournez pas l'obstacle. A la maison, saisissez le dictionnaire, en devoir saisissez votre glossaire mental (vous saisissez à présent pleinement pourquoi je tiens à ce que la version papier soit à jour!).

Si « A chacun sa vérité » est vraie ;

On est dans la thèse relativiste mais c’est illogique car cette thèse se veut vraie pour tous alors qu’elle démontre l’inverse

Si « A chacun sa vérité » est fausse ;

On revient sur l’aspect universel de la vérité mais il y a un manque de tolérance envers « chaque individu ».

On est dans la rigueur morale absolue.

Si « A chacun sa vérité » est une simple confusion de l’esprit ;

Il s’agirait d’une erreur de langage qui ferai une grande confusion entre vérité et opinion, l’opinion étant le parfait opposé de l’exercice réfléchi du jugement. Du coup, « A chacun sa vérité » constituerai un « proverbe » qui serai dans un langage plus que correct « A chacun son opinion » et la, la phrase serai légèrement plus correcte.

=> Dresser ainsi une alternative peut vous aider à problématiser. Mais nous saisissons ici les conséquences d'une analyse partielle du sujet : "avoir un sens" n'est pas uniquement équivalent à "être vrai ou faux", et l'on oublie de se demander ainsi ce qui se trame dans le langage.

=> Je ne vois pas en quoi il y a "rigueur morale" pour la seconde branche de l'alternative : peu clair.

=> Il était fécond de considérer que le langage courant prend l'opinion pour la vérité, vous pouviez encore vous demander quelle est l'origine de cette confusion (pour cela, il fallait en premier lieu tenter de donner un contenu à cette "vérité subjective" qui a été, pour la majorité d'entre vous, un mouton à cinq pattes).

=> Je remercie votre camarade d'avoir bien voulu partager une étape de sa réflexion avec nous, et j'espère que cette approche pourra vous donner un autre éclairage sur votre travail.

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